Articles >> Parcours de pilotes >> Interview - Antoine Doquin : un espoir français pour les 24 Heures du Mans
A.Lamarque : 14/10/2021
Like 5
Interview - Antoine Doquin : un espoir français pour les 24 Heures du Mans
Les médias ont tendance à faire la part belle aux espoirs français en monoplace de Théo Pourchaire à Isaac Hadjar en passant par
Victor Martins. Toutefois, il existe une autre voie de carrière pour les jeunes pilotes talentueux : l’endurance. Cette filière,
moins connue du grand public, peut pourtant amener à rouler dans une des courses les plus prestigieuses au monde : les 24 Heures
du Mans. Antoine Doquin,17 ans, fait partie de ces belles promesses.
Échange avec un pilote en quête des 24 Heures du Mans
Antoine Lamarque : D'où vient ta passion du sport automobile ?
Antoine Doquin : J’ai toujours été sur les circuits avec mon père depuis que je suis petit car il fait des courses historiques (
Nicolas Doquin, ndlr). C’est de là que vient ma passion. Finalement, mon père m’a mis au kart à l’âge de 12 ans, ce qui est assez
vieux, et l'an dernier, on a décidé de faire le grand pas en sport automobile.
AL : Tu te lances et démarres donc en karting, peux tu nous faire un bilan de ces trois années de karts ?
AD : Je n’ai fait que du niveau national et je n'ai jamais vraiment été excellent donc je suis passé à la voiture. En effet,
mes ingénieurs ont vu sur mes datas que j’avais un style de pilotage plutôt voiture, c’est pour ça que j’ai décidé de changer.
AL : Tu te diriges ensuite vers la monoplace, quel était ton rêve, ton objectif à ce moment-là ?
AD : Mon objectif c’était de faire quelque chose en sport automobile mais pas forcément en Formule 1 car c’est un milieu très fermé.
Après, j'ai eu une opportunité en LMP3 (La catégorie LMP3 est la première étape dans la pyramide de l’endurance. L’objectif est de
préparer les pilotes aux plus grandes courses mondiales, ndlr) et je n’ai même pas hésité. En plus COOL Racing c’est une top team.
AL : Tu te tournes vers l’endurance. En effet, grâce à des contacts, tu fais des tests chez COOL Racing (en LMP3) qui se passent
bien et tu fais la connaissance de Nicolas Lapierre, parle nous de cette rencontre ?
AD : Nicolas Lapierre est un garçon formidable avec une belle expérience. Il a tout de même gagné 4 fois les 24H du Mans. Il a
un vrai sens du partage. Il m’a vraiment cadré et a voulu me faire progresser. Je le remercie pour tout ce qu’il a fait parce
que c’est grâce à lui que j’en suis arrivé là aujourd’hui. Dès qu’il me dit quelque chose, je l’écoute et j'essaye de l’appliquer.
AL : Les tests se passent bien et en 2020 tu fais tes premières courses avec COOL Racing, quel était l’objectif de cette première
expérience ?
AD : L’objectif était de progresser pour essayer de performer cette année.
AL : Au final, c’est une première réussie avec une troisième place dès la première course et une victoire plus tard dans la saison
au Castellet, que retiens-tu au niveau personnel et sportif de cette saison de découverte ?
AD : J'ai été plutôt rapidement dans le rythme comparé aux pilotes qui avaient déjà fait la saison. L’équipe COOL racing est vraiment
super. Je suis très bien encadré. C’est vraiment eux qui me permettent de me développer et d'essayer d’être plus rapide pour au final
être un pilote plus complet au fil du temps.
AL : La confiance de Cool Racing se poursuit et ils te font franchir un cap en t’alignant en Le Mans Cup. Peux-tu nous présenter ce
championnat ?
AD : Le Mans cup c’est un championnat support de l’ELMS (European Le Mans Series, ndlr) qui est un championnat européen (Championnat de préparation pour ceux
souhaitant un jour espérer courir au niveau mondial en Championnat du Monde d'Endurance FIA, ndlr) avec de très très bonnes
équipes comme United Autosports, Rinaldi Racing ou pleins d’autres. Ça permet de se faire remarquer et d’essayer de gravir les
échelons par l’ELMS.
AL : Avant de s’attaquer à cette saison, il faut s’entraîner pour être compétitif. Quel type de programme mets-tu en place pour
arriver prêt le premier jour de roulage ?
AD : Je suis en sport étude donc on fait pas mal de sport et puis j’ai un simulateur chez moi ce qui me permet de tout connaître
de la piste (trajectoire, points de freinage).
AL : Avant le week-end de SPA, tes qualifications sont excellentes mais tes résultats en piste ne suivent pas, comment expliques
tu ce décalage ?
AD : Depuis le début de l'année, on tourne autour de notre victoire. On n’avait vraiment pas de chance, on avait toujours quelque
chose qui arrivait. Là, à Spa, on a tout mis bout à bout et on a réussi à gagner alors qu’on aurait déjà dû gagner au Castellet,
mais on a eu une panne moteur à 20 minutes de l’arrivée alors qu’on avait 20 secondes d’avance sur le deuxième. Jusque là, j’étais
frustré car tout allait sauf les résultats à la fin donc ça nous met loin au championnat mais l’important c’est de se faire
remarquer. Avec deux pôles et de bonnes qualifs, c’est réussi !
AL : À Spa, avec ton coéquipier, vous obtenez votre première victoire dans la catégorie. Une victoire de prestige qui plus est.
Quel est ton sentiment à ce moment-là ?
AD : Après ma victoire à Spa, c’était un sentiment de fierté et d'aboutissement d’avoir enfin pu toucher la victoire. En effet, elle
nous tournait autour depuis le début. En plus à Spa, on gagne avec 34 secondes d’avance donc plutôt satisfait. C’est notre première
victoire donc content de la saison mais pas satisfait de la place au championnat au vue des problèmes rencontrés en course.
AL : Il te reste une course à Portimao. Quels sont tes objectifs pour ces derniers tours de piste de la saison ?
AD : L’objectif c’est de gagner. Ma voiture est typée plus virage que ligne droite donc on devrait être avantagé contrairement à
Spa ou les Duqueine étaient plus rapides que nous.
AL : Pour conclure, L’objectif final est de rouler aux 24H du Mans et d'être pilote professionnel. Quel est ton plan de carrière
pour y arriver ?
AD : Le plan de carrière c’est de ne pas brûler les étapes, de continuer en LMP3 pour passer en LMP2 et faire le Mans. Après,
je verrai les opportunités qui viendront peut-être à moi pour être pilote professionnel. J’arriverai aussi au moment où l'Hypercar
(la nouvelle catégorie reine de l’endurance) se lance. J'espère qu’ils regarderont les jeunes là où ils sont pour essayer d’en
prendre et voir si je peux être parmi ces jeunes.