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A.Lamarque : 23/06/2021
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La Ferrari driver academy : quel bilan dix ans après ?
Charles Leclerc, Lance Stroll, Sergio Perez, Mick Schumacher et Callum Ilott ont tous un point commun : ils ont commencé par user leurs pneus à
la Ferrari driver academy. Ce projet voit le jour en 2009 pour accompagner Jules Bianchi dans son ascension vers les sommets du sport automobile.
Il a été choisi car Ferrari le suivait depuis quelques années et le lancement du programme s’est déroulé au moment où le pilote allait accéder à
l'antichambre de la F1. Il était donc la tête d'affiche rêvée. Au total, ce sont plus de vingt pilotes qui sont passés par cette académie.
L’idée d’une structure pour accompagner les pilotes germe lorsque Ferrari recrute Felipe Massa. Il est prêté à Sauber pour qu’il se développe
dans une écurie ayant moins d'expositions. L’écurie, suite à cette première expérience, veut aller plus loin dans le soutien au pilote avec un
accompagnement pour la préparation physique et psychologique mais aussi des conseils d’anciens pilotes de F1 aux talents. L’académie voit
finalement le jour en 2009.
En résumé, la Ferrari Driver Academy vise à promouvoir les jeunes talents au sein de La scuderia ferrari. Plusieurs pilotes sont sélectionnés
et financés par l'équipe.
La première recrue est donc le tout récent champion de formule 3 euroseries : Jules Bianchi. Il est rejoint rapidement par trois pilotes
italien : Mirko Bortolotti, Daniel Zampieri et Raffaele Marciello. Les deux premiers intègrent le programme car ils ont champion de formule
3 italiennes respectivement en 2008 et 2009. Marciello n’est encore qu’un jeune espoir du karting italien mais va intégrer une catégorie de
formule italienne (formule abarth).
Ce premier groupe de pilote est rejoint au cours de l’année 2010 par Brandon Maïsano, Sergio Perez et Lance Stroll. Le dernier élément arrive
en 2011. Il s’agit de Nicola Costa vainqueur d’un championnat brésilien créé par Massa pour promouvoir les talents du pays. Le championnat ne dure
que deux années. La première génération de pilotes de la Ferrari driver academy est sur la ligne de départ.
Cette première génération présente un bilan catastrophique. Mirko Bortolotti et Daniel Zampieri ne restent qu’une année en raison de mauvais
résultats. Nicola Costa disparaît brutalement des radars sans explication à peine arrivés au sein du programme en 2011. Brandon Maïsano dispose
d’une année supplémentaire pour exprimer son talent mais ne fera pas ses preuves. Il quitte le programme à l'issue de la saison 2012.
Le premier succès du programme arrive par Sergio Perez. Il rejoint l’académie fin 2010 grâce à ses belles performances en GP2. Il ne reste
alors plus que la dernière manche du championnat à courir. Il finit à la deuxième place du général. En 2011, il est annoncé en Formule 1 chez
Sauber, écurie partenaire de Ferrari, grâce au programme et son talent mais aussi car il est soutenu par l'homme le plus riche du monde à
l’époque, Carlos Slim. La collaboration avec Ferrari s’arrête dès l’année suivante avec Ferrari car il rejoint un concurrent : McLaren.
Les succès semblent enfin commencer à arriver puisque, à peine Perez parti, Jules Bianchi arrive en F1. Il est titulaire dans une écurie de
fonds de grille (Marussia motorisé par Ferrari) mais éclabousse le monde de son talent à Monaco. Il parvient à marquer les seuls points de
l'histoire de cette petite écurie. L’avenir semble radieux et Ferrari envoie des signaux montrant qu’elle considère le pilote français prêt à
rejoindre l'écurie mère. Tout se brise avec le terrible accident de Jules Bianchi en 2014. Il meurt en 2015 suite à ses blessures.
Cet événement impacte en profondeur l’institution Ferrari.
Le programme connaît alors un nouveau coût d'arrêt en cette fin 2015 quand Marciello et Stroll quittent le programme. Le premier pour des
raisons peu claires (manque de résultat évoqué et Marciello qui accuse le directeur de la gestion sportive de ne pas l'aimer) et le second
car son père devient actionnaire de Williams. Il devient alors pilote de développement de l’écurie.
En 2016, Ferrari estime qu'il est temps d’amorcer une nouvelle ère ou le programme sera voué à disparaître. Il reste Guanyu Zhou et Antonio
Fuoco. Le premier a rejoint l'académie en 2014. Il est alors considéré comme le meilleur espoir chinois. Ses résultats en karting puis en F4
italienne lors de la saison 2015 confortent ce sentiment. Le second a rejoint l’académie un an auparavant. Il est à ce moment là le plus proche
de rejoindre la F1 puisqu’il est placé par Ferrari comme pilote de développement de la Scuderia. Ces deux pilotes sont rejoints par Giuliano
Alesi et Charles Leclerc pour la saison 2016.
Le nouveau cycle démarre vraiment en 2017. Ferrari annonce cinq nouveaux pilotes : Gianluca Petecof, Enzo Fittipaldi, Marcus Armstrong,
Robert Schwartzman et Callum Ilott. Ce nouveau groupe est complété en 2019 par Mick Schumacher.
Le bilan en 2021 est bien plus encourageant. Zhou et Alesi ne sont plus là en raison de résultats décevants. Fuoco n’a pas atteint la formule
1 mais la relation avec Ferrari lui a permis d’être pilote de réserve, de test et maintenant de simulateur bien qu’il ne fasse plus partie du
programme. Petecof a quitté le programme de son propre chef car il ne voulait pas suivre le plan de carrière imaginé par Ferrari. Ce choix se
solde actuellement par un échec. Au lieu de courir en Formule 3 dans l’une des meilleures équipes avec le soutien de Ferrari, il se retrouve sans
volant en Formule 2 après un début de saison catastrophique dans l'une des plus mauvaise équipe de la saison : Campos. Fittipaldi est parti
poursuivre sa carrière en Amérique. Il a eu l'opportunité de rouler lors d’un grand prix en F1 pour HAAS après le crash de Grosjean étant le
pilote de réserve en 2020.
Les plus gros succès sont évidemment Charles Leclerc et Mick Schumacher. Leclerc est le premier pilote passé par ce programme à être titulaire
dans l’équipe principale. Charles a repris avec succès le flambeau de Jules qui l’a tant aidé pour sa carrière. Mick Schumacher roule en F1 chez
HAAS et pourrait bien un jour être titulaire au sein de l’écurie principale.
Robert Schwartzman et Callum Ilott méritent une place en F1. Le premier enchaîne les très bonnes performances en formule de promotion depuis
des années et est un prétendant sérieux si une place se libère dans la catégorie reine. Le second a obtenu des résultats moins brillants mais
est devenu vice champion de formule 2 en 2020. Ce résultat lui permet de devenir le pilote de réserve de Ferrari qui le place ensuite chez Alfa
Roméo dans le même rôle. Ce changement lui garantit plus de temps de roulage afin de s'aguerrir en espérant qu' une opportunité de devenir
titulaire s’ouvre en 2022. Marcus Armstrong est lui aussi très performant dans les catégories de jeunes mais il est actuellement en retrait face
aux deux pilotes cités précédemment en raison d’une première saison en Formule 2 très moyenne.
Finalement après plus de 10 ans, l’aventure Ferrari Driver Academy est un échec relatif. Près de la moitié des pilotes n’ont jamais été
titulaires en F1. Stroll et Perez seraient vraisemblablement arrivés en F1 sans le programme au vu de leurs talents et soutiens financiers.
Il faut aussi relativiser cet échec de la première génération en raison du drame Bianchi. Le pilote aurait sans doute eu une carrière qui aurait
relevé le bilan initial de l’académie.
Les succès se dessinent avec la nouvelle génération. Toutefois, Leclerc a été recruté tardivement : son avenir dans la catégorie reine
apparaissait déjà au vu de ses performances. Il en fut de même pour Mick Schumacher.
La nouvelle génération de pilotes en 2017 est très prometteuse tout comme les nouvelles recrues qui suivent après. Le signe de maturité du
programme est-il enfin là avec un recrutement tardif de talents déjà confirmés ?
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